Home Contact Search Links

Volume 16, Number 2 (2010)
   

SPECIAL ISSUE/NUMÉRO SPÉCIAL

 

The Politics of Canada-Cuba Relations: Emerging Possibilities and Diverse Challenges

 

La politique des relations Canada-Cuba : Options émergentes et défis

 

 

Introduction

(No subscription required)


Overview



National Security



All in the Family



Trading Places



Looking Ahead

(No subscription required)


Book Reviews/Critiques de livres

(No subscription required)

 


Multilateralism: Past Imperfect, Future ConditionalTop of Page

Tom Keating

The essay considers the continued relevance of multilateralism both as an idea that defines and represents Canadian foreign policy and as a set of practices that Canadian governments have employed to advance the country’s foreign policy objectives. The historical record, while by no means consistent, demonstrates that multilateral practices have served a number of different foreign policy interests over time. It also suggests that the idea of multilateralism has shaped Canada’s image as an active and responsible contributor to international order. Both the idea and the practice have been used by policy makers to advance Canadian foreign policy in many different venues and on a wide range of issues. The practice and the idea of multilateralism and their value in support of Canadian foreign policy have at times been called into question, but perhaps never so much as during the past decade where developments around the globe and within Canada have encouraged foreign policy practices that suggest significant shifts in the amount of support for multilateralism and raise questions about the utility of its role in serving Canadian foreign policy interests. Among some of the more significant global developments have been increased criticisms of the capacity, effectiveness and legitimacy of multilateral institutions, especially the UN, shifting commitments of the US towards these institutions and the idea of multilateral cooperation. Successive Canadian governments, for their part, have reduced Canada’s international commitments in areas such as United Nations peace support operations and development assistance and withdrawn from commitments such as the Kyoto Protocol. Such developments provide ample evidence of a declining commitment to multilateralism as a strategy on the part of the government. There is also increased skepticism at a number of levels of the effectiveness of multilateralism for Canada in the current geopolitical environment. This changing practice demonstrates the need for a more thorough assessment of the utility of multilateralism and its role in supporting Canadian foreign policy in the years ahead.

L’auteur s’interroge sur la pertinence actuelle du multilatéralisme, à la fois comme notion définissant et représentant la politique étrangère canadienne et comme série de pratiques employées par les gouvernements canadiens dans la poursuite de leurs objectifs. L’histoire montre, à quelques exceptions près, que les démarches multilatérales ont en effet favorisé différentes options de politique étrangère. Nous constatons aussi que la notion de multilatéralisme a permis au Canada de se présenter comme un défenseur actif et responsable de l’ordre international. Les décideurs politiques canadiens se sont appuyés sur la notion et la pratique du multilatéralisme pour défendre leur politique étrangère à bien des tribunes et sur tout un éventail de questions. Toutefois, l’intérêt de telles pratique et notion dans cette optique a parfois été contesté, surtout au cours de la dernière décennie alors que la situation internationale et même la réalité canadienne ont plutôt inspiré des démarches faisant fi du multilatéralisme, jugé peu utile pour la politique étrangère canadienne. Dans cette nouvelle donne, signalons entre autres les critiques croissantes à l’égard de la capacité, de l’efficacité et de la légitimé des institutions multilatérales, notamment de l’ONU, et le moindre empressement des É-U pour ces institutions et l’idée de coopération multilatérale. Les gouvernements canadiens successifs, de leur côté, ont limité les engagements internationaux du Canada dans des domaines comme les opérations de paix et d’assistance au développement des Nations Unies et fait parfois marche arrière comme dans le cas du Protocole de Kyoto. Tout cela montre bien que le gouvernement s’intéresse de moins en moins à une stratégie multilatéraliste. À différents paliers, on est aussi de plus en plus septique quant à l’efficacité du multilatéralisme canadien dans le contexte géopolitique actuel. Il semblerait ainsi nécessaire d’évaluer de façon plus approfondie l’utilité du multilatéralisme et son rôle comme pilier de la politique étrangère canadienne pour les années à venir.


Culture stratégique et concept stratégique: Le Canada et les réformes de l’OTANTop of Page

Stéphane Roussel and Samir Battiss

En avril 2009, les États membre de l’Alliance atlantique ont entamé une réflexion sur la définition « nouveau » concept stratégique. Depuis 1949, les représentants canadiens ont pu participer aux discussions sur chacun concepts ayant guidé l’approcha de l’OTAN en matière de défense et de sécurité. Dans bien des cas, ils y ont trouvé leur compte. Dans d’autres, ils ont plutôt dû se plier à la volonté de la majorité de leurs alliés. L‘intérêt que soulève ces discussions ne réside pas seulement dans les enjeux immédiats qu’elles évoquent, mais dans les divergences en ce qui a trait à la nature même de l’Alliance qu’elles révèlent. Cet article rappelle les fondements internationalistes de la politique étrangère canadienne et en évidence l’abandon progressive de cette approche au profit d’un repositionnement davantage continentaliste, quand bien même les concepts stratégiques successifs depuis 1949 tendent à une extension de la zone géographique d’intervention, l’élargissement et la diversification des partenaires et des missions.

In April 2009, the Members of NATO launched a process to define a “new” strategic concept. Since 1949, Canadian officials have been able to take part in discussions on each of these course changes and addition of tasks. In many cases, Canada has been able to get out of new commitments. In others, they have instead had to bow to several major allies' will. The interest raised by these discussions lies not only in the short-term issues they evoke, but differences concerning the nature of the Alliance that they reveal. This article offers an overview of the internationalist foundations of Canadian foreign policy and highlights the gradual abandonment of this approach in favor of a more continental repositioning, even though successive strategic concepts since 1949 tend toward extension of the geographical area of intervention, and the expansion and diversification of partners and missions.


Canada’s Continuing Engagement with United Nations Peace OperationsTop of Page

Cristina Badescu

While its contributions to the United Nations have been many and varied, Canada has a distinct, consistent, and longstanding legacy as a leader in international peacekeeping and, more recently, as a promoter of civilian protection and other human security-related issues. This paper sets out to examine how this traditional Canadian preoccupation with UN peace operations has fared in the face of growing skepticism about the value of UN multilateralism. Over the last decade, traditional peacekeeping has faded from view for many Canadians, just as UN missions faced more conflicts with more complex and dangerous mandates than ever before, challenging the world body and its members to train, equip, and operate their missions adequately. This paper begins by describing how Canada’s current commitments to the United Nations are located within a long tradition of providing for international peace and security. It discusses the framework that has defined Canada’s approach to UN security issues since the 1950s, and suggests that an underlying set of ideas about the importance of human security and civilian protection has survived the recent so-called revolution in Canadian security policy, and continues to help shape Canada’s current commitments to the United Nations. These contributions, examined in the second part of the paper, are discussed in relation to four separate categories related to peace operations: deployment of troops; policy support; operational cooperation, including training, capacity building, and police; and financial support. Building on this conceptual framework and the country’s existing commitments would give Canada an important and re-invigorated role at the United Nations. While Ottawa searches for a new international security policy following the withdrawal from Afghanistan in 2011, reallocating some of the resources from Afghanistan toward UN-led operations is one concrete option for re-invigorating Canada’s engagement with the United Nations.

Bien que ses contributions aux Nations Unies aient été nombreuses et variées, le Canada a toujours mis l’accent sur son rôle majeur dans le maintien de la paix internationale et, plus récemment, dans la protection civile et d’autres actions liées à la sécurité humaine. L’auteure examine ce qu’est devenue cette préoccupation canadienne pour les opérations de paix de l’ONU face au scepticisme croissant quant à l’intérêt du multilatéralisme des Nations Unies. Au cours de la dernière décennie, l’idée traditionnelle du maintien de la paix est devenue beaucoup moins évidente pour nombre de Canadiens, les missions de l’ONU faisant face à davantage de conflits nécessitant des mandats plus complexes et dangereux que jamais, mettant la communauté internationale et ses membres au défi de former, d’équiper et de déployer leurs missions en conséquence. Mme Badescu commence par décrire comment les engagements actuels du Canada vis-à-vis des Nations Unies se situent dans une longue tradition de défense de la paix et de la sécurité internationale. Elle présente le cadre dans lequel s’inscrit la démarche du Canada face aux enjeux de sécurité de l’ONU depuis les années 1950 et estime que différentes idées profondes quant à l’importance de la sécurité humaine et de la protection civile ont survécu à ladite révolution récente dans la politique de sécurité canadienne et inspire toujours les engagements actuels que prend le Canada vis-à-vis des Nations Unies. Ces contributions, examinées dans la deuxième partie de cet article, sont envisagées dans le contexte de quatre catégories distinctes liées aux opérations de paix : déploiement de troupes; soutien politique; coopération opérationnelle, notamment formation, développement des capacités et police; et soutien financier. En se fondant sur ce cadre conceptuel et sur les engagements qu’il a actuellement, le Canada pourrait jouer un rôle important, voire renforcé, aux Nations Unies. Alors que le gouvernement s’interroge sur sa nouvelle politique de sécurité internationale après le retrait des troupes d’Afghanistan en 2011, la réaffectation d’une partie des ressources utilisées en Afghanistan sur des opérations menées par l’ONU serait une option concrète pour renforcer la participation du Canada aux Nations Unies.


Canada and the Commonwealth: The Multilateral Politics of a “Wasting Asset”Top of Page

David Black

As the modern Commonwealth passed its sixtieth anniversary in 2009, the organization’s slow-brewing crisis of relevance seemed deeper than ever. Nowhere was this more apparent than in Canadian attitudes toward this venerable organization. This represents a striking reversal of the predominant Canadian disposition through the first 50 years of the modern era, when Canada and Canadians were among the organization’s most consistent supporters and leaders. Moreover, Canadians’ enmeshment in this association has always been multidimensional and trans-societal, involving the organization’s dynamic web of nongovernmental, as well as interstate, forums. This vital transnational dimension, reflecting a long if contested common heritage, would seem to place the Commonwealth in the vanguard of contemporary multilateralism, with its emphasis on multi-level interaction and sociality. Yet, in some respects, the decline of the Commonwealth as a multilateral asset is eminently predictable. For Canada, along with other Commonwealth members, the organization’s historic importance has been increasingly undercut by the growing strength of regional multilateral arrangements. For Canada and a handful of others, the G8 and now G20 have become top priorities and foci of diplomatic energy and resources, eroding the logic of continued commitment to the Commonwealth, which is, by any standard, a lightly resourced, diffuse, and ungainly association. In this light, two key questions arise. First, what has been the Commonwealth’s historic role in the practice of Canadian foreign policy? Second, what reasons, if any, can be given for continuing to invest scarce resources in this apparently declining association, and what bases might there be for renewed Canadian interest and engagement? This paper argues that while the continuation of the Commonwealth’s slow decline as a Canadian foreign policy priority is likely, it is worth resisting. If it continues, we will lose an important source of global social capital, and unmatched incentives and opportunities for the development of international empathetic understanding. Indeed, the very factors that have driven the Commonwealth’s relative decline underpin its continued value as a relatively flexible and informal forum/community within which many of the salient divisions in world politics are straddled and engaged. There are, moreover, at least some bases on which a process of renewal could be anchored. The paper discusses two: 1) the opportunity to forge enhanced relationships with a handful of increasingly important countries (rising states) in world affairs—notably India; and 2) the role the Commonwealth could play as a vehicle for the Canadian government’s consistently articulated priorities of fostering democracy, human rights, and the rule of law.

Alors que 2009 marquait le soixantième anniversaire du Commonwealth moderne, la crise qui couvait depuis longtemps sur sa raison d’être devenait de plus en plus évidente. C’est particulièrement visible dans l’attitude des Canadiens vis-à-vis de cette organisation vénérable. Il s’agit d’un renversement radical du sentiment canadien prédominant des 50 premières années de l’ère moderne, alors que le Canada et les Canadiens étaient parmi les défenseurs les plus acharnés de cette organisation dans laquelle ils jouaient un rôle majeur. De plus, l’adhésion des Canadiens à cette association a toujours été multidimensionnelle et trans-sociétale, produit du réseau dynamique de forums non gouvernementaux et étatiques de cette organisation. Cette dimension transnationale vitale reflétant une longue tradition commune, bien que parfois contestée, devrait pourtant mettre le Commonwealth à l’avantgarde du multiculturalisme contemporain qui insiste sur divers niveaux d’interaction et de sociabilité. Toutefois, à certains égards, le déclin du Commonwealth comme atout multilatéral était tout à fait prévisible. Pour le Canada, tout comme pour d’autres membres de cette organisation, son importance historique a progressivement diminué au fur et à mesure que se développaient les ententes multilatérales régionales. Pour le Canada et quelques autres, le G8 et maintenant le G20, sont devenus les grandes priorités et c’est là que se concentrent toutes les énergies et ressources diplomatiques, ce qui ne justifie plus tellement de déployer trop d’efforts au sein du Commonwealth qui, à tous égards, est une association éparpillée et malcommode, sans grandes ressources. Cela dit, deux questions clés se posent. D’une part, quel a été le rôle historique du Commonwealth dans la politique étrangère canadienne? D’autre part, quelles raisons, s’il en est, peut-on donner pour continuer à investir à grands frais dans cette association apparemment en perte de vitesse et sur quelles bases pourrait reposer un intérêt renouvelé et engagé de la part du Canada? L’auteur avance que s’il est probable que le Commonwealth continue à décliner dans l’ordre de priorité de la politique étrangère canadienne, il serait bon de tenter de faire marche arrière. Sinon, nous perdrons une source importante de capital social mondial et des facilités et possibilités sans pareil en matière de compréhension empathique internationale. En effet, les facteurs mêmes qui sont à l’origine du déclin relatif du Commonwealth justifient que l’on continue à voir l’intérêt qu’il présente comme forum/communauté relativement souple et informel au sein duquel nombre des divisions politiques importantes dans le monde peuvent être atténuées et discutées. De plus, il existe au moins certaines bases sur lesquelles pourrait reposer un processus de renouveau. L’article se penche sur deux d’entre elles : 1) l’occasion de forger des relations approfondies avec quelques pays de plus en plus importants (États émergents) dans les affaires mondiales–notamment l’Inde; et 2) le rôle que pourrait jouer le Commonwealth pour faire valoir les grandes priorités qu’invoque constamment le gouvernement canadien, à savoir le renforcement de la démocratie, des droits de la personne et de la primauté du droit.


Possibilities of Multilateralism: Canada, la Francophonie, Global OrderTop of Page

Bruno Charbonneau

This article examines the multilateral practices found in the context of Canadian policy visà- vis la Francophonie in order to challenge the normative claims located in narratives of multilateral state practices. La Francophonie presents a particularly interesting and complex theoretical challenge, largely because of its postcolonial context and the idealist discourses that embellish its activities. It expresses practices of multilateralism that are different from, yet not necessarily or always incompatible with, the practices of multilateralism found in Canadian foreign policy. The analysis of multilateral practices underlines competing philosophies of multilateralism that, in turn, suggest the location of increasingly important sites of international politics where different strategies aim at establishing and enabling particular understandings of political authority and activity. This article argues that multilateralism is deployed in scholarly and policy locations, both as a category of analysis and as a category of practice, with significant ontological effects. The use of multilateralism as a category of analysis is called into question because of the normative effects it has on ideologically driven narratives of multilateralism. The salience of multilateral practices does not necessarily require the use of multilateralism as a category of analysis. In fact, this article suggests that the value of multilateralism is very limited as an analytical tool. The location where multilateralism is enacted speaks directly to the legitimacy of the sites and modes of political activity that are judged to be necessary and possible, thus setting authoritative limits to the political possibilities of multilateralism.

M. Charbonneau examine les pratiques multilatérales caractérisant la politique canadienne vis-à-vis de la francophonie afin de remettre en question les justifications normatives des pratiques multilatérales. La francophonie présente un défi théorique particulièrement intéressant et complexe, essentiellement du fait de son contexte postcolonial et des discours idéalistes qui accompagnent ses activités. Elle avance des pratiques de multilatéralisme différentes de celles qui caractérisent la politique étrangère canadienne, mais pas nécessairement ni toujours incompatibles. L’analyse des pratiques multilatérales souligne des théories concurrentes de multilatéralisme qui, à leur tour, offrent des forums de plus en plus larges de politiques internationales où différentes stratégies visent à faciliter des modes de compréhension particuliers de l’autorité et de l’activité politiques. L’auteur avance que le


Of Empty Chairs and Half-Hearted Commitments: Canada and the Organization of American StatesTop of Page

George MacLean

In recent years, Prime Minister Stephen Harper’s Conservative government has re-engaged with the Americas. Long-time observers of Canada’s hemispheric policy may have a sense of déjà vu, as Ottawa has on numerous occasions declared its interest in the region, or marginally increased its presence. Ultimately, however, the result has been of little substance. Historically, Canada’s role in the hemisphere has been marked by its close alliance with the United States, offset by its desire to have an independent voice in the region. International regimes give Canada a venue to register a relatively independent viewpoint, and the Organization of American States (OAS) presents a way to define its hemispheric policy outside of its bilateral relations with the United States. Canada’s membership in the OAS continues to be a product of its functional—and primarily economic—interests in the region. A more expansive role in the hemisphere, then, is not simply a counterweight to the Canada-United States relationship, but rather a logical offshoot of it: as the United States intensifies its position in the Americas, Canada must do so as well. To do otherwise would be to lose influence in the region, and also (perhaps more importantly) with the United States. This article argues that Canada’s relationship with the OAS largely reflects its self-interest in multilateral memberships, and trade and commercial concerns: multilateralism when necessary, and protection of its markets, particularly in the United States. There are, of course, a variety of secondary issues that Canada seeks through the OAS, such as security, democratization, and incidental trade links, but aside from some intermittent overtures, Canada’s real level of engagement in the hemisphere remains minimal, vague and uncertain. Taking into account Canada’s multilateral tradition and interests, and assessing its current approach, the article concludes that Canada’s role in the OAS has been either absent (the “empty chair”) or only partially fulfilled.

Ces dernières années, le gouvernement conservateur du Premier ministre Stephen Harper s’est rapproché des Amériques. Ceux qui observent depuis longtemps la politique hémisphérique du Canada éprouvent peut-être un sentiment de déjà-vu puisque le gouvernement fédéral a déclaré à de nombreuses occasions s’intéresser à la région ou a accru sa présence de façon marginale. Toutefois, le résultat est jusqu’ici resté assez ???. Le rôle du Canada dans l’hémisphère a toujours été marqué par son alliance étroite avec les États-Unis d’intervenir de façon indépendante dans la région. Les régimes internationaux donnent au Canada une tribune où énoncer un point de vue relativement indépendant et l’organisation des États américains (OEA) lui offre un moyen de définir sa politique hémisphérique en dehors de ses relations bilatérales avec les États-Unis. L’adhésion du Canada à l’OEA est dictée par ses intérêts fonctionnels–et essentiellement économiques–dans la région. Un rôle plus vaste dans l’hémisphère ne représente ainsi pas simplement un contrepoids à la relation Canada - États-Unis mais un résultat logique : alors que les États-Unis intensifient leur présence dans les Amériques, le Canada doit en faire autant. Sinon, il perdrait de l’influence dans la région et (ce qui est peut-être plus important) auprès des États-Unis. L’adhésion du Canada à l’OEA est dictée par ses intérêts fonctionnels–et essentiellement économiques–dans la région. Un rôle plus vaste dans l’hémisphère ne représente ainsi pas simplement un contrepoids à la relation Canada - États-Unis mais un résultat logique : alors que les États-Unis intensifient leur présence dans les Amériques, le Canada doit en faire autant. Sinon, il perdrait de l’influence dans la région et (ce qui est peut-être plus important) auprès des États-Unis. M. MacLean avance que la relation du Canada avec l’OEA reflète bien son intérêt propre pour les relations et les considérations commerciales : le multilatéralisme si nécessaire et la protection de ses marchés, en particulier aux États-Unis. Le Canada a évidemment d’autres visées accessoires au sein de l’OEA, telles la sécurité, la démocratisation et des liens commerciaux accessoires mais, en dehors de certaines ouvertures fortuites, la présence réelle du Canada dans l’hémisphère reste minime, vague et incertaine. Compte tenu de la tradition multilatérale et des intérêts du Canada ainsi que de ses démarches actuelles, l’auteur conclut que le rôle du Canada au sein de l’OEA a été soit inexistant (la « place inoccupée ») soit seulement partiellement joué.


A Fine Balance: Multilateralism and Bilateralism in Canadian Policy in the North American RegionTop of Page

Laura Macdonald

This article examines the multilateral and bilateral dimensions of Canadian foreign policy within the North American region. Bilateralism and multilateralism in the North American setting are not two distinct and contradictory trends, but have been closely linked together in a delicate balancing act since the Second World War. The article draws upon theoretical debates on multilateralism to help explain the relative weakness of the regionalization process in North America, and recent trends toward the reinforcement of dual bilateral tendencies. Traditional theories are excessively statist, and underestimate the importance of symbols, values, and ideas in the construction of multilateralist regimes. During the postwar period, a specific combination of external and domestic political factors permitted multilateralism and bilateralism not just to co-exist but to flourish together in a symbiotic relationship in Canadian foreign policy. The bilateralist moment of the Canada-United States free trade agreement was relatively short-lived, and Canada was reluctantly drawn into the multilateralist NAFTA regime. In practice, however, NAFTA did not generate the higher levels of trust and mutual identity that would sustain multilateralism, particularly when the region had to deal with issues that went beyond trade. In recent years, the fine balance between multilateralism and bilateralism in Canadian foreign policy has been threatened as a result of changes in the regional and global political economies, and the political repercussions of the events of 9/11.

Mme Macdonald se penche sur les dimensions multilatérales et bilatérales de la politique étrangère canadienne dans la région nord-américaine. Le bilatéralisme et le multilatéralisme, dans le contexte nord-américain, loin d’être deux tendances distinctes et contradictoires sont, depuis la Seconde Guerre mondiale, étroitement liées dans un équilibre délicat. Elle rappelle les débats théoriques sur le multilatéralisme pour essayer d’expliquer la faiblesse relative du processus de régionalisation en Amérique du Nord et les tendances récentes en faveur du renforcement des tendances bilatérales. Les théories traditionnelles sont excessivement étatistes et sous-estiment l’importance de symboles, valeurs et idées dans la construction de régimes multilatéralistes. Durant la période d’après-guerre, une combinaison particulière de facteurs politiques externes et internes ont fait que la politique étrangère du Canada reflétait non seulement la coexistence mais aussi l’épanouissement du multilatéralisme et du bilatéralisme dans une relation symbiotique. Le moment bilatéraliste de l’Accord de libreéchange Canada-États-Unis fut relativement bref et le Canada s’est laissé entraîner à reculons dans le régime multilatéraliste de l’ALÉNA. En réalité, cela n’a pas suscité un degré accru de confiance et d’identité mutuelles propre à soutenir le multilatéralisme, en particulier lorsque la région a dû faire face à des enjeux qui dépassaient le commerce. Ces dernières années, le juste équilibre entre multilatéralisme et bilatéralisme dans la politique étrangère canadienne s’est vu menacer par les changements survenus dans les économies politiques régionales et mondiales et par les répercussions politiques des événements du 11 septembre.


Canadian Trade Multilateralism: The GATT, the WTO, and BeyondTop of Page

Gilbert R. Winham

Multilateralism has long been a point of departure in Canadian foreign policy. This is especially the case in international economic affairs, for Canada has participated in, and promoted, international organizations intended to establish multilateral relations in trade, monetary affairs and international development. However, despite Canada’s obvious involvement in multilateral trade organizations, as well as the country’s rhetorical support for multilateral trade policies, it is nevertheless questionable whether Canada has pursued multilateral policies in its trade relations.
    In practice, multilateralism is not easily defined. It may mean no more than the attempt to coordinate policies of governments in groups larger than two countries. By this definition, Canada’s postwar support for the establishment of the GATT, or its efforts in the Uruguay Round to develop the legal and institutional procedures of the WTO, would be considered multilateral by virtue of the purpose and the context in which they took place. Another definition might equate multilateralism with any participation in institutions or international organizations (Goff). A third definition might see multilateralism as the effort to coordinate the national policies of groups of states “on the basis of certain principles of ordering relations among those states” (Ruggie). The third definition places greater behavioural requirements on governments, as opposed to the more rhetorical requirements of the first two definitions.
   International trade organizations, like the GATT or WTO, regularly conduct multilateral trade negotiations during which it is possible to assess the support of individual countries for certain principles of ordering relations occurring in the negotiation process. One such principle is reciprocity. It is questionable how seriously Canada takes this principle when a prominent Canadian trade negotiator has explained his task as follows: “…our purpose in every agreement is to get all we can and give as little as possible.” A second principle is tariffication, a constitutional principle of the GATT and a foundation of the agricultural agreement emanating from the Uruguay Round. Canada opposed this principle, fearing it would compromise its questionable policy of supply management in the dairy and poultry sectors. In neither of these important cases would it be possible to describe Canada as following a policy of multilateralism.

La politique étrangère du Canada repose depuis longtemps sur le multilatéralisme. Surtout en matière d’affaires économiques internationales, le Canada est un défenseur actif d’organisations internationales visant à établir des relations multilatérales pour le commerce, les affaires monétaires et le développement international. Toutefois, malgré son engagement évident dans des organisations commerciales multilatérales et son appui théorique à des politiques commerciales multilatérales, il n’est pas certain que le Canada ait véritablement poursuivi des politiques multilatérales dans ses relations commerciales. En fait, il n’est pas facile de définir concrètement ce qu’est le multilatéralisme.
   Il peut s’agir seulement de coordonner les politiques de plus de deux gouvernements. xi Dans ce cas, le soutien du Canada, dans l’après guerre, pour la création du GATT, ou ses efforts dans le cycle de l’Uruguay pour mettre au point les procédures juridiques et institutionnelles de l’OMC peuvent relever du multilatéralisme quant à leurs fins et leur contexte. Une autre définition pourrait voir dans le multilatéralisme toute participation à des institutions ou organisations internationales (Goff). Une troisième définition verrait dans le multilatéralisme un effort de coordonner les politiques nationales de groupes d’États « en se fondant sur certains principes concernant les relations entre ces États » (Ruggie). Cette troisième définition impose aux gouvernements davantage de contraintes sur leur comportement, c’est-à-dire moins théoriques que dans les deux premières définitions.
   Les organisations de commerce international, comme le GATT ou l’OMC, mènent régulièrement des négociations commerciales multilatérales au cours desquelles on peut évaluer l’importance qu’attachent les différents pays à certains principes de réglementation des relations. Un de ces principes est la réciprocité. On peut se demander si le Canada y tient sérieusement quand on voit un de ses grands négociateurs commerciaux expliquer sa tâche de la façon suivante : « … notre objectif, dans toute entente, est d’obtenir le maximum en donnant le minimum ». Un deuxième principe est celui des tarifs, principe constitutionnel du GATT et fondement de l’entente agricole issue du cycle d’Uruguay. Le Canada s’est opposé à ce principe, craignant qu’il remette en cause sa politique de gestion de l’offre dans les secteurs du lait et de la volaille. On ne peut vraiment dire que le Canada ait suivi une politique de multilatéralisme dans ces deux cas importants.